Comprendre le syndrome de stress post-traumatique

Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), également appelé trouble du stress post-traumatique (TSPT) ou état de stress post-traumatique (ESPT), est un ensemble de réactions survenant après une exposition directe ou indirecte à un événement traumatique. Le Dr De La Chapelle explique que face à un événement traumatisant, le cerveau peut être dépassé et ne pas traiter l’information correctement. Le souvenir n’est pas correctement archivé comme appartenant au passé.
Certaines zones du cerveau sont fragilisées et s’activent, entraînant l’apparition de symptômes pouvant s’installer dans le temps. Le syndrome de stress post-traumatique est donc la conséquence d’une mise en mémoire dysfonctionnelle du souvenir traumatique.
Après un événement traumatisant, l’individu peut passer par trois phases :

  • Le stress aigu. Des symptômes de stress apparaissent au cours du premier mois suivant l’événement.
  • Le stress post-traumatique. Les symptômes s’installent et durent plus d’un mois. L’individu a besoin d’une prise en charge adaptée pour s’en remettre.
  • L’état de stress post-traumatique chronique. Les symptômes de stress sont installés sur le long terme et durent plus de six mois, voire plusieurs années si l’individu n’est pas pris en charge.

Chacune de ces phases traduit une souffrance morale importante qui impacte profondément la vie personnelle, sociale et professionnelle des personnes.

Quelles sont les causes du stress post-traumatique ?

L’état de stress post-traumatique commence toujours après la confrontation à un événement perçu comme grave. Les événements susceptibles de provoquer un syndrome de stress post-traumatique sont de nature à mettre en jeu la vie ou la sécurité de la personne.

Voici les événements qui entraînent le plus souvent un état de stress post-traumatique :

  • Une catastrophe naturelle : tremblement de terre, inondation, ouragan, tsunami…
  • Un accident humain ou technique : accident de voiture ou de train, accident de travail, explosion…
  • Un acte de violence interpersonnelle : harcèlement, agression, viol, violence conjugale, maltraitance, attentat, guerre, braquage…

Ces événements peuvent être vécus directement ou indirectement. Le Dr De La Chapelle précise qu’apprendre la mort brutale d’un proche ou d’un parent ou être victime de quelque chose de grave tout comme assister à un événement traumatisant tel qu’un accident de voiture ou un attentat peut déclencher un syndrome de stress post-traumatique.

Qui peut souffrir d’un syndrome de stress post-traumatique ?

Tous les individus ne sont pas égaux face à un même événement traumatique. Certains n’auront pas ou peu de symptômes, alors que d’autres développeront un syndrome de stress post-traumatique prolongé.
Comme l’explique le Dr De La Chapelle, après un événement traumatique, certaines personnes développent des symptômes de stress aigu, « ce qui est tout à fait normal ». Néanmoins, elles ont la capacité de transformer cet événement en souvenir douloureux, sans que cela ne devienne un souvenir traumatique. D’autres se révèlent plus vulnérables et sont susceptibles de développer un trouble de stress post-traumatique.
C’est notamment le cas :

  • de celles ayant vécu des traumatismes antérieurs ;
  • des personnes au tempérament anxieux ;
  • de celles qui mettent en place des stratégies d’évitement pour ne pas se confronter à l’événement ou à la situation traumatique, ce qui peut consolider le traumatisme ;
  • des personnes isolées n’ayant pas la possibilité de recevoir un soutien de la part de leur famille ou de leurs amis ;
  • de celles qui ne sont pas crues, pour qui l’événement est minimisé voire banalisé par leur entourage, ou pour qui l’événement fait écho à des croyances, et qui ne l’intègrent donc pas de manière adaptée ;
  • des enfants et des personnes âgées, plus généralement les personnes présentant une vulnérabilité physique ou psychique ;
  • de certains métiers (soignants, aidants, pompiers ou encore policiers) confrontés quotidiennement à la souffrance d’autrui et/ou à la violence.

Toutefois, face à l’intensité et à la violence d’un événement, une personne sans facteur de vulnérabilité particulier peut également développer un syndrome de stress post-traumatique.

Quels sont les symptômes du stress post-traumatique ?

Les personnes atteintes de trouble de stress post-traumatique peuvent présenter des symptômes physiques, émotionnels, cognitifs ou comportementaux appartenant aux catégories suivantes.

La reviviscence

L’individu est exposé à la récurrence involontaire et intense de souvenirs, pensées, images ou sensations liés à l’événement traumatique initial. Ces reviviscences peuvent survenir sous forme de flashbacks, de cauchemars ou de souvenirs intrusifs. Ces reviviscences sont souvent accompagnées d’une détresse émotionnelle intense et d’une sensation de revivre l’événement traumatisant comme s’il se déroulait à nouveau.
Les reviviscences peuvent être déclenchées par des stimuli externes ou internes qui rappellent l’événement traumatique, tels que des situations, des lieux, des odeurs, des sons ou des pensées associés à l’événement initial. Elles peuvent également se produire de manière imprévisible, sans aucun stimulus apparent...

L’évitement

La personne met en place des stratégies volontaires ou involontaires pour éviter les lieux, les personnes ou les situations susceptibles de lui faire revivre ce traumatisme. Elle essaie de se couper des images, des pensées, des émotions et des sensations en lien avec l’événement.

La dissociation

Parfois, lorsque l’événement est trop violent et insoutenable, le cerveau peut annuler une partie ou la totalité de l’événement vécu. Certaines personnes vont alors se couper de leurs émotions ou de la douleur et ne plus rien ressentir. Elles peuvent avoir l’impression d’être absentes, en dehors de leur corps. D’autres vont oublier partiellement ou totalement l’événement : c’est-ce qu’on appelle l’amnésie traumatique. Les souvenirs peuvent ressurgir très longtemps après les faits.

Pour en savoir plus

Voici quelques exemples de manifestations de la dissociation dans le TSPT :

  • Dépersonnalisation : la personne peut se sentir détachée de son propre corps ou de sa propre identité. Elle peut avoir l’impression de regarder sa vie comme si elle se déroulait devant ses yeux, sans ressentir de connexion émotionnelle avec elle-même.

  • Déréalisation : la personne peut percevoir son environnement comme étrange, irréel ou déformé. Les objets, les gens ou les lieux peuvent sembler flous, distants ou déformés.

  • Amnésie dissociative : la personne peut avoir des périodes de perte de mémoire pendant ou après l’événement traumatique. Elle peut ne pas se souvenir d’une partie ou de la totalité de l’expérience traumatisante.

  • Altérations de la conscience : la personne peut avoir des épisodes de conscience altérée ou de transe pendant lesquels elle se sent déconnectée de la réalité immédiate.

Le Dr De La Chapelle souligne que ces symptômes sont très « préjudiciables quand la personne entreprend une démarche de réparation ou d’indemnisation, car la difficulté à relater un événement, les imprécisions entraînées par un vécu mémorisé par fragments, constituent souvent des éléments non recevables ». Or, la difficulté à se souvenir est autant caractéristique du SSPT que la précision de la reviviscence, et les deux phénomènes coexistent souvent.

Des changements émotionnels et cognitifs durables

L’individu va voir les choses, le monde et les autres de manière parfois radicalement différente. Certaines personnes vont alors se dire « le monde est injuste », « les gens sont mauvais ». Elles peuvent également se dévaloriser, se sentir coupables et faibles de ne pas avoir su réagir autrement, de ne pas s’être défendues.
Le Dr De La Chapelle détaille que « des pensées et des croyances vont s’installer et seront particulièrement difficiles à remettre en question. Celles-ci vont maintenir un état émotionnel négatif. » Un état dépressif peut progressivement se mettre en place. La personne ressent du détachement, une perte d’élan et de motivation pour toutes les activités qui lui faisaient plaisir avant, une sensation d’avenir bouché. Ses relations avec les autres vont en être impactées.

L’hypervigilance et l’hyperréactivité émotionnelle

L’individu se sent menacé en permanence, il est sur le qui-vive. Il peut sursauter au moindre bruit inattendu et ressentir de la peur. Cela se traduit également par de l’irritabilité, parfois des crises de colère, mais aussi des troubles du sommeil. Le cerveau est fragilisé et le système de vigilance est activé quasiment tout le temps.

Pour en savoir plus

Les réactions classiques de l’hypervigilance dans le TSPT incluent :

  • Sursauts excessifs : la personne peut réagir de manière exagérée à des stimuli sensoriels tels que des bruits forts, des mouvements soudains ou des contacts physiques légers, en manifestant des sursauts ou des réactions de peur intense.

  • Surveillance constante de l’environnement : la personne peut être constamment en alerte. Elle peut scanner les environs de manière répétée et excessive, cherchant des indices de menace.

  • Hyperéactivité neurovégétative : l’hypervigilance est souvent associée à une augmentation du niveau d’activation physiologique, qui se peut se traduire par une augmentation du rythme cardiaque, une respiration rapide, une sudation excessive et une tension musculaire.

  • Difficultés à se détendre et à se sentir en sécurité.

  • Réactions de combat ou de fuite : en situation de stress ou de confrontation perçue, la personne peut avoir des réactions instinctives de combat ou de fuite, même lorsque la situation ne justifie pas une telle réaction.

  • Hypersensibilité émotionnelle : la personne peut réagir de manière excessive émotionnellement à des événements mineurs ou ordinaires, en exprimant de la colère, de la frustration, de l’irritabilité ou de l’anxiété.

Quelles sont les conséquences du stress post-traumatique ?

L’état de stress post-traumatique entraîne un grand nombre de conséquences dans la vie de l’individu.

Une grande souffrance morale qui entrave le quotidien

La vie va être vécue de manière de plus en plus difficile. La personne est en lutte permanente, elle anticipe pour que l’événement traumatique ne se reproduise pas. Elle va moins sortir de chez elle, s’isoler. Son tissu amical et familial est généralement fragilisé. La personne est envahie par cet événement et par les pensées et les croyances qui se sont installées autour.

Une santé mentale fragilisée

Les risques d’apparition d’une dépression, de troubles anxieux, de troubles addictifs, voire de suicide sont importants. Les troubles du comportement alimentaire (anorexie ou boulimie) sont également fréquents, principalement dans les traumatismes sexuels.

Un impact sur l’organisme

Le stress chronique impacte également le système hormonal et immunitaire. Bien que le syndrome ne cause pas directement de maladie, certains troubles psychosomatiques peuvent apparaître avec le temps : douleurs physiques, chroniques nerveuses, articulaires, musculaires, des syndromes comme la fibromyalgie, des infections, etc.

Comment diagnostiquer le stress post-traumatique ?

Le diagnostic d’un trouble de stress post-traumatique est posé lorsqu’il est possible d’identifier :

  • un événement traumatique auquel la personne a été exposée directement ou indirectement ;
  • un nombre suffisant de symptômes appartenant aux catégories citées ci-dessus, qui apparaissent et s’installent sur une longue durée (plus d’un mois) à la suite de cet événement.

Le diagnostic d’un trouble de stress post-traumatique chronique est posé lorsque les symptômes durent plus de six mois.

Un grand nombre de personnes vivent avec un syndrome de stress post-traumatique chronique sans vraiment en avoir conscience. Le Dr De La Chapelle précise qu’ il est également fréquent que, chez des personnes présentant un symptôme psychiatrique d’allure isolée (anorexie, phobie spécifique, TOC de lavage…), on retrouve ou découvre un antécédent traumatique. Le symptôme d’allure isolée peut s’inscrire dans un tableau plus vaste de SSPT ou être résiduel d’un vécu traumatique (par exemple, une phobie peut être l’expression isolée d’une reviviscence).

Quels sont les traitements des troubles de stress post-traumatique ?

Le Dr De La Chapelle explique que la plupart du temps, un accompagnement thérapeutique est indispensable pour aider le cerveau à fonctionner de nouveau correctement et éviter que cet état devienne chronique et s’aggrave. Deux types de psychothérapies sont particulièrement efficaces dans le cas d’un syndrome de stress post-traumatique : la thérapie comportementale et cognitive et l’EMDR.

La thérapie comportementale et cognitive (TCC)

L’objectif de cette thérapie va être d’aider l’individu à surmonter son traumatisme en l’exposant progressivement aux souvenirs de l’événement grâce à un certain nombre de techniques. L’exposition entraîne principalement une habituation émotionnelle et une remise en cause de certaines pensées dysfonctionnelles consécutives au vécu traumatique.

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing)

La thérapie EMDR, ou Eye Movement Desensitization and Reprocessing, est une approche thérapeutique développée par la psychologue américaine Francine Shapiro dans les années 1980. Cette thérapie repose sur le principe selon lequel les traumatismes non résolus peuvent être traités en réactivant les souvenirs traumatisants tout en engageant simultanément les mouvements oculaires ou d’autres formes de stimulation sensorielle.
Cette psychothérapie par mouvements oculaires permet de stimuler un mécanisme d’auto-guérison présent en chaque individu. La thérapie consiste à traiter l’un après l’autre tous les souvenirs de l’événement traumatique et toutes ses composantes (émotions, pensées négatives, sensations corporelles éprouvantes associées à l’événement).
Les stimulations bilatérales reproduisent un effet de traitement de l’information liée à l’événement traumatogène, semblable à celui qui se déroulerait durant le sommeil paradoxal. Elles permettent d’archiver les souvenirs traumatiques en couplant certaines zones du cerveau activées de façon disjointe au moment du trauma.

Les traitements médicamenteux

Certains médicaments peuvent soulager les symptômes du trouble de stress post-traumatique , comme les antidépresseurs. Les IRS (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine) — dont seule la paroxétine à l’AMM — sont le plus souvent institués après échec de la psychothérapie et sont efficaces sur l’anxiété et la dépression, mais sont peu actifs sur le syndrome de répétition. Pour l’anxiété, on évite les benzodiazépines pour privilégier les antihistaminiques.
Des traitements à base d’antihypertenseurs ont montré leur efficacité sur les cauchemars post-traumatiques. Toutefois, à eux seuls, ils ne permettent pas de guérir d’un syndrome de stress post-traumatique et doivent impérativement être associés à un accompagnement thérapeutique.
Le Dr De La Chapelle précise qu’après un événement traumatique, « il est important de ne pas tout faire pour oublier et nier l’événement. Il est également important de faire comprendre aux autres que l’événement vécu a été grave et nous fait souffrir. Enfin, si les symptômes durent plusieurs semaines, il ne faut pas hésiter à en parler et à se faire accompagner. »

Pour en savoir plus

Quelle est la distinction entre TSPT simple et TSPT complexe ?
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est un trouble psychiatrique qui peut se manifester de différentes manières en fonction de la nature et de la gravité des expériences traumatiques vécues par une personne. Deux catégories principales de TSPT sont souvent distinguées : le TSPT simple et le TSPT complexe. Voici quelques points clés pour mieux comprendre cette distinction.

  • Le TSPT simple

Définition : Le TSPT simple fait référence à une réaction traumatique résultant d’un événement unique ou limité dans le temps, tel qu’un accident grave, une agression, ou un désastre naturel.
Caractéristiques : Les symptômes du TSPT simple sont généralement liés à un événement spécifique et identifiable, et ils comprennent souvent des flashbacks, des cauchemars, une hypervigilance, un évitement des stimuli associés au trauma, et une détresse émotionnelle intense.

  • Le TSPT complexe

Définition : Le TSPT complexe, également connu sous le nom de trouble de stress post-traumatique complexe (TSPC), se caractérise par des expériences traumatiques répétées, prolongées et interpersonnelles, telles que des abus physiques, émotionnels ou sexuels dans l’enfance, la négligence chronique, ou des relations violentes.
Caractéristiques : Le TSPT complexe est souvent associé à une gamme plus large de symptômes, notamment des problèmes de régulation émotionnelle, des perturbations de la perception de soi et des autres, des difficultés dans les relations interpersonnelles, et des comportements d’automutilation ou de dissociation.

Quels sont les complications possibles d’un trouble de stress post-traumatique ?

Les troubles de stress post-traumatique peuvent entraîner de nombreuses complications, notamment :
L’apparition d’une dépression accompagnée d’une tristesse persistante, d’une perte d’intérêt pour les activités, de troubles de l’appétit ou encore de pensées suicidaires.

  • Des troubles anxieux : les personnes atteintes de TSPT peuvent souffrir d’attaques de panique, développer des phobies ou un trouble obsessionnel-compulsif.
  • Des addictions : les personnes atteintes de TSPT ont un risque accru de développer des troubles liés à l’usage de substances, tels que l’abus d’alcool, de drogues illicites, ou de médicaments comme moyen de faire face aux symptômes du TSPT.
  • Des problèmes relationnels en lien avec l’irritabilité, la colère ou le retrait social.
  • Des difficultés professionnelles : la détresse émotionnelle, les difficultés de concentration et de mémoire ou des absences répétées liées aux conduites d’évitement peuvent être source de perte d’emploi.
  • Des complications physiques en raison du stress chronique sur le corps. Les manifestations les plus fréquentes du stress sont les troubles cardiovasculaires, les troubles gastro-intestinaux, les troubles musculaires et les affections dermatologiques.

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