"Il faut traverser le cadre pour découvrir quelque chose de nouveau !"
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Publié le 06.09.2021

"Il faut traverser le cadre pour découvrir quelque chose de nouveau !"

Partons à la rencontre des Femmes et des Hommes d’Inicea ! Découvrez ces héros du quotidien qui à travers leur profession, vivent une véritable passion : celle d’aider les autres.

Nicolas est soignant-animateur à la Clinique de Vontes depuis 17 ans. Il anime des ateliers autour du sport et de la sculpture, en groupe ou en individuel. Découvrez son histoire...

Quel est votre parcours ?

Avant de rejoindre la Clinique de Vontes, j’ai exercé auprès de différents publics et structures. J’étais aide-soignant en pédopsychiatrie, en centre de rééducation et en maison de retraite. En 2004, un poste s’est libéré à la Clinique de Vontes, avec l’opportunité de pouvoir m’occuper d’ateliers thérapeutiques. On m’a laissé carte blanche, on m’a fait confiance ce qui était extraordinaire puisque c’était ma première expérience en animation ! Aujourd’hui, je partage mon temps entre du groupe, de l’individuel et du groupe en co-animation.

En quoi consiste votre métier ?

J’anime des ateliers autour par exemple, du sport et de la sculpture. Je propose au patient des espaces, des interstices qui lui permettent de développer des ressources et d’avoir des modalités relationnelles différentes. Je l’aide à sortir d’un enfermement que lui propose sa pathologie, pour renouer ou acquérir de nouveaux appuis, créer des décalages pour des perceptions différentes de soi, se mettre en mouvement.

D’ailleurs, beaucoup de mes ateliers sportifs sont construits afin de renouer avec des schémas de mouvement abandonnés parfois depuis longtemps.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos ateliers ?

Lorsqu’on souffre de dépression, bien souvent, les épaules se voutent, la tête est baissée, on perd l’élan et on subit un ralentissement moteur. Les amplitudes de mouvement sont réduites et les patients s’enferment. L’idée des ateliers sportifs, c’est de renouer, parfois même de régresser pour réapprendre.

Quant à l’atelier sculpture sur pierre, c’est l’un de mes plus anciens ! 95% des participants sont débutants à leur arrivée mais sont rapidement impressionnés par leur capacité. On part généralement d’un dessin, d’une esquisse, et à partir des difficultés rencontrées, on adapte la méthodologie. Je donne 3 à 5 séances par semaines, et les patients viennent aussi souvent qu’ils le souhaitent. Le cheminement est assez long, mais le résultat est toujours surprenant de leurs coté, se surprendre, se projeter autrement, se projeter dehors différemment.

Qu’est-ce qui vous rend fier dans l’exercice de votre métier ?

Ce qui me rend fier, c’est quand le patient se désamorce, se sépare, même momentanément, d’une résistance, d’un discours, de la trame d’une histoire afin de se positionner autrement dans la rencontre, une co-construction, quelque chose de nouveaux, d’émergent, se proposant autre chose de soi, renouant alors avec une notion de choix.

Depuis quelques années, je propose des prises en charge individuelles aux patients de la clinique. J’utilise la boxe anglaise comme support, notamment pour les patients qui éprouvent des difficultés à adhérer à l’institution, au prise avec leurs tensions, pour les accompagner à travers une modalité différente. En effet beaucoup de patients ont un vécu, un expérientiel compliqué, qui donne lieu a des tensions singulières, quelque chose d’insupportable, d’insécure avec soi qui interdit, déséquilibre et rend compliqué le rapport avec les autres, l’institution. Ce cadre de rencontre peut être particulier, mais encore une fois, donne la possibilité de se surprendre, de prendre appui pour s’équilibrer, se rassurer et se sentir plus fort.

Alors je m’interroge ! Comment m’y prendre ? Comment aborder cette situation ? J’essaye de ne pas partir bille en tête sur un schéma comportemental, une trajectoire. Je sais que le patient arrive dans un établissement qui a ses normes, ses codes, et lui avec un relationnel qui lui est propre (parfois à 10 000 lieux de ce qu’on connaît, de ce qu’on attend…). À partir du moment où l’on accepte de faire un pas de côté, on arrive à entendre ce qui se joue et à être ensemble.

Pourquoi votre métier est-il une passion ?

Parce que ça fait 17 ans que je le pratique et que je ne m’ennuie pas ! On continue à me faire confiance, je continue d’apprendre. J’y consacre beaucoup de temps mais je ne m’épuise pas, ni psychiquement ni physiquement. Mon corps suit, à chaque nouveau patient je découvre quelque chose de nouveau, la sensation d’être en cohérence avec les valeurs qui m’animent.

Quelle est votre philosophie ?

Un objet est constitué de plein de facettes différentes, il faut tourner et explorer, prendre conscience pour sortir de sa perspective, traverser le cadre pour découvrir quelque chose de nouveau !


Autour d’un café avec Nicolas

Votre film préféré : "Starbuck" de Ken Scott. C’est l’histoire vraie d’un canadien adolescent, attardé mental, qui a donné son sperme dans une clinique de fertilisation. Il se retrouve avec 500 enfants qui veulent connaître son identité. C’est un film génial, contemporain, qui propose une vision introspective bien loin de la caricature vue par les médias ! J’aime beaucoup également "La vie rêvée de Walter Mittie" de Ben Stiller. On le regarde souvent avec les patients.
Votre livre préféré : "Faites vous-même votre malheur" de Paul Watzlawick.
Plage ou montagne ? Montagne !
La chanson que vous chantez sous la douche ? "Space Oddity" de David Bowie
Quelque chose qu’on ne sait pas sur vous ? Je suis très imparfait mais parfois ce qui s’y passe me le fait penser un peu moins !


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