Quels sont les troubles psychiatriques qui touchent le plus les jeunes ?

La prévalence des troubles anxieux et des troubles dépressifs a fortement progressé chez les jeunes ces dernières années.  

D’après les données de Santé Publique France, on observe une augmentation significative du nombre d’adolescents de 17 ans souffrant de troubles anxio-dépressifs graves, passant de 4,5 % en 2017 à 9,5 % en 2022. De plus, 18 % avaient eu des pensées suicidaires dans l’année, contre 11 % en 2017. 

Chez les 18-24 ans, la prévalence de l’épisode dépressif caractérisé est estimée à 20,8 % en 2021, contre 11,7 % en 2017. 

En plus de ces troubles de plus en plus fréquents, on constate également une augmentation des TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité) et des troubles du spectre autistique. Ces troubles sont aujourd’hui mieux connus et mieux dépistés.  

Chez les enfants de 6 à 11 ans, 13 % présentent un trouble psychiatrique. Ces troubles incluent des troubles émotionnels, oppositionnels, ou des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).  

N’oublions pas également les troubles alimentaires, l’anorexie et la boulimie qui apparaissent souvent à l’adolescence et plus fréquemment chez les filles.  

Enfin, l’obésité, qui touche aujourd’hui 1 enfant sur 10, va devenir un problème de santé publique. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un trouble psychiatrique à proprement parler, les répercussions psychologiques (stigmatisation, isolement, baisse d’estime de soi) et la perte d’espérance de vie en bonne santé nécessitent des mesures de prévention et de prise en soin dès à présent.

Quels signaux doivent alerter les parents, éducateurs et institutions ?

L’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte sont des périodes de bouleversements profonds. Ce sont des étapes de la vie où l’on se construit et où l’on réfléchit à ce que l’on veut devenir.  

Les jeunes ont généralement beaucoup de questionnements et sont très sensibles à leur environnement. À cela s’ajoutent les bouleversements hormonaux qui, dès le début de l’adolescence, favorisent une instabilité de l’humeur et des émotions.  

Il est parfois difficile de faire la différence entre une « crise d’adolescence » et les prémices d’un trouble psychiatrique. C’est pourquoi il est important d’être à l’écoute de changements brutaux.  

La perte du dialogue, notamment, est toujours quelque chose dont nous devons tenir compte.  

D’autres signes doivent alerter :  

  • tristesse permanente ; 
  • angoisses ; 
  • fatigue constante ; 
  • repli sur soi ; 
  • perte de motivation ; 
  • colère et agressivité ; 
  • perte du sommeil ; 
  • baisse de l’appétit ; 
  • suspicion de consommation de substances ; 
  • scarifications ; 
  • idées noires ; 
  • Etc.

​​​​​​

Quels sont les causes et les facteurs d’aggravation ?

Les troubles psychiatriques sont multifactoriels : prédispositions génétiques, vulnérabilités biologiques, traits de personnalité… Des facteurs environnementaux et des facteurs liés aux modes de vie entrent également en compte. Voici ceux auxquels les jeunes doivent faire face actuellement :  
 

Les répercussions de la pandémie de Covid-19


La pandémie de Covid-19, le confinement et l’arrêt de la scolarité en présentiel, ont marqué profondément la santé mentale des jeunes et ont amplifié les problématiques déjà présentes. Cette période a été suivie d’une forte recrudescence des troubles déclarés et de la demande de consultations pour les adolescents. Le taux de jeunes ayant des niveaux de symptômes dépressifs élevés a doublé. Les jeunes ont eu des difficultés à retourner à l’école. Les troubles anxieux, dont la phobie scolaire, se sont particulièrement développés. 
 

Les écrans, les réseaux sociaux


Les jeunes ont aujourd’hui une très grande autonomie et peuvent naviguer sans limite sur Internet. Les réseaux sociaux sont à la fois une source d’information, mais aussi d’images idéalisées qui accentuent la comparaison et la pression sociale.  

Les contenus anxiogènes et les fake news circulent et les jeunes ne sont pas tous accompagnés pour faire le tri dans ces informations.  

De plus, le harcèlement, qui commence généralement à l’école par des moqueries et des humiliations répétées, se poursuit et s’intensifie aujourd’hui en ligne.   

Enfin, pour certains, la consultation des écrans devient une addiction qui favorise la sédentarité, dérégule les rythmes et entraîne de la fatigue, de la démotivation et des troubles du sommeil.


 

La crise climatique et l’actualité


L’éco-anxiété, dont le sujet est l’inquiétude pour l’avenir de la planète, impacte beaucoup les jeunes. L’exposition constante à des contenus sur le changement climatique, mais aussi sur les guerres, les conflits et les tensions sociales partout dans l’actualité augmente le risque de dépression, d’anxiété, et de troubles du sommeil chez les jeunes.


 

Les évolutions sociétales


Nous évoluons dans un monde qui change énormément et rapidement. Cela rend d’autant plus difficiles les choix et l’orientation pour les jeunes. Quel mode de vie, quelles études et quel métier choisir pour réussir sa vie ? Les jeunes ressentent aussi plus de pression que les générations précédentes dans tous les domaines, y compris dans les loisirs où il faut être performant et réussir. 


 

La consommation de substances

 
Les gaz hilarants et certaines drogues de synthèse sont quasiment en vente libre sur Internet. Ces substances, ainsi que la cocaïne, sont de plus en plus consommées par les jeunes, car accessibles et banalisées, et sont très puissantes. Elles peuvent provoquer des pertes de connaissance, des troubles cardiaques, de graves lésions, des paralysies, des décès brutaux en quelques prises seulement. Ces consommations ont également des conséquences directes sur l’état psychologique et augmentent le risque suicidaire


 

Le manque de spécialistes


Enfin, le délai d’accès aux soins pour les jeunes ne fait qu’aggraver les risques. Sur tout le territoire, nous manquons de spécialistes et de pédopsychiatres. Les délais de consultation sont parfois très longs et les adolescents symptomatiques restent sans solution pendant longtemps.

Quel est le rôle des écoles ? Quelles sont les ressources pour aider les jeunes ?

Dans les écoles, on parle de plus en plus de santé mentale aux jeunes. Des réunions et des conférences peuvent être organisées sur ces sujets. Les écoles disposent parfois de psychologues ou d’infirmières scolaires… Toutefois, ces ressources restent inégales et souvent limitées.  

Pour trouver de l’aide, le premier réflexe reste d’en parler à son entourage ou de consulter son médecin traitant. Il existe également des dispositifs de plus en plus nombreux pour écouter et orienter les jeunes : 

  • Le Fil Santé Jeunes : ce dispositif, proposé par des professionnels, offre une ligne d’écoute anonyme et gratuite (0800 253 236) pour les jeunes de 12 à 25 ans, accessible 7 jours sur 7 de 9h à 23h.  
  • Mon Soutien psy : il est possible de bénéficier de 12 séances d’accompagnement psychologique gratuites par an. Ce dispositif est accessible dès l’âge de 3 ans pour toute personne présentant des troubles psychiques d’intensité légère à modérée. 
  • Santé Psy Étudiant : les étudiants en situation de mal-être peuvent bénéficier gratuitement de 12 séances avec un psychologue partenaire. Cela concerne uniquement les étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur reconnu par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.  
  • Le 3114 : numéro d’appel pour toute personne qui aurait des idées suicidaires. Il est accessible gratuitement 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Ce service est assuré par des professionnels du soin, infirmiers ou psychologues spécifiquement formés.  
  • VigilanS : après un passage aux urgences pour une tentative de suicide, une équipe dédiée rappelle le patient pour s’informer de son état de santé. S’il ne répond pas, l’équipe contacte son médecin traitant et son psychiatre. Un suivi du patient est également assuré pendant plusieurs mois. 

Quels conseils donner aux jeunes et à leurs parents pour prendre soin de leur santé mentale ?

Avoir une bonne hygiène de vie (alimentation saine et équilibrée, sommeil de qualité, activité physique régulière) impactent favorablement la santé mentale. Pour accompagner les jeunes, d’autres mesures peuvent être mises en place :  

Les moments en famille 


Créer des moments et des activités en commun, prendre le temps de valoriser tous les petits instants du quotidien ensemble, les repas, les loisirs peuvent être très bénéfiques pour le bien-être psychologique de tous.  
 

La gestion des écrans 


Essayer de mettre en place des règles à la maison concernant l’utilisation des écrans est crucial. Par exemple, décider que, certains soirs de la semaine, personne à la maison n’utilise son téléphone. À la place, prendre le temps de discuter, de lire ou d’organiser des jeux en famille.
 

L’équilibre de vie 


Définir précisément les moments consacrés au travail scolaire, ceux consacrés aux loisirs, aux activités physiques, aux moments de repos et aux contacts avec les autres, permet de maintenir un bon équilibre de vie, une bonne gestion du stress et de l’anxiété.  

La santé mentale est un sujet moins tabou aujourd’hui chez les adolescents et jeunes adultes, ils parlent plus librement de leurs souffrances. Nous devons être à leur écoute pour les accompagner et les orienter vers les bons soins. 

Plus d’articles