De nombreuses données suggèrent que le trouble bipolaire est une pathologie neurodéveloppementale associée à des anomalies neurophysiologiques d’aggravation progressive (neuroprogression). Explications du Professeur Ferreri, membre du comité scientifique Inicea.

Les recherches génétiques confirment l’hypothèse d’une vulnérabilité génétique. Cependant, les gènes impliqués ne sont toujours pas identifiés. L’importance de l’hérédité est illustrée par les études de jumeaux qui montrent un taux de concordance, c’est-à-dire la proportion des cas où les 2 individus sont atteints de la maladie, de 40% chez les vrais jumeaux (même patrimoine génétique) et de « seulement » 5 % chez les faux jumeaux (partageant la moitié de leur patrimoine génétique).  De nombreux gènes ont été étudiés, parmi ceux -ci le gène SLC6A4 qui code le transporteur de plasmatique de la sérotonine, ceux de la COMT impliqué dans la métabolisation de la dopamine, du BDNF( facteur de croissance cérébrale) ou de l’APO E sont les plus prometteurs. 

Les dysfonctions neurobiologiques sous-tendant la dépression et les modes d’action des antidépresseurs restent mal connus. Un déficit en neuromédiateurs cérébraux (telles la dopamine, la sérotonine et la noradrénaline) expliquerait une partie de l’origine de la dépression. Parallèlement une augmentation chez les sujets bipolaires de la noradrénaline serait annonciatrice d’un accès maniaque. De même, une augmentation de la dopamine, impliqué dans l’activation motrice et psychologique a été rapportée. D’autres neurotransmetteurs semblent également perturbés lors des accès comme le système inhibiteur du GABA.

Le développement des techniques d’imagerie structurelles et fonctionnelles, a permis d’identifier des anomalies dans les régions frontales, temporales et au niveau des ganglions de la base. Une altération du lobe frontal (cortex préfrontal, cortex cingulaire antérieur et cortex orbito-frontal) est corrélée négativement au fonctionnement cognitif. Au niveau temporal, une diminution des régions limbiques ventrales (l’amygdale et de l’hippocampe) impliquées dans la régulation des émotions et le gyrus temporal supérieur ont été mise en évidence. Les ganglions de la base sont quant à eux interconnectés avec les régions préfrontales et limbiques et impliqués dans la régulation de l’humeur. 
En plus de des facteurs génétiques et neurobiologique, le poids de facteurs stressant, de la chronobiologie (sensibilité aux rythmes sociaux et circadiens), des mécanismes immuno-inflammatoires est de plus en plus mis en avant.

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