La dépression échappe au contrôle du sujet. Elle est souffrance de soi et de son entourage. Il s’agit d’une perte de l’élan vital en rupture du sujet avec lui-même, avec autrui, avec le monde. Elle est fréquente et ses expressions sont diverses. Professeur Florian Ferreri, membre du comité scientifiques INICEA explique les dimensions de la dépression.

Quelles sont les dimensions dépressives ?

Rupture avec le fonctionnement antérieur
Durée des symptômes ≥ 2 semaines

Humeur dépressive :

  • tristesse, douleur morale
  • perte du plaisir, anesthésie affective
  • vision pessimiste de soi et de l’avenir, dévalorisation
  • + Idée suicidaire
  • + Anxiété

Ralentissement psychomoteur :

  • hypomimie, rareté des mouvements voire catatonie
  • ralentissement de la pensée, perte de l’initiative
  • trouble de l’attention, de la concentration, de la mémoire

Signes somatiques associés :

  • asthénie (fatigue)
  • troubles du sommeil : insomnie (difficultés d’endormissement et/ou réveil précoces);
  • hypersomnie (plus rare, 10%)
  • perte de l’appétit voire anorexie
  • hyperphagie (plus rare 10%)
  • baisse de la libido
  • autres : inconfort physique, constipation, douleurs…

L’humeur dépressive est généralement un sentiment mal explicable, de tristesse profonde, d’abattement, de désespoir, de découragement, qui par son intensité émotionnelle et sa constance tranche avec le vécu habituel. La personne déprimée n’est plus capable de ressentir du plaisir dans les activités ou les situations habituellement agréables : c’est l’anhédonie dépressive.

Cette perte d’éprouvé ou anesthésie affective a quelque chose de très angoissant et de culpabilisant. Parfois au contraire s’observe une hyperesthésie douloureuse avec une hypersensibilité maladive désagréments simples de la vie. L’humeur dépressive fluctue dans le temps, parfois brutalement, très évocatrice lorsqu’elle prédomine le matin, au réveil, pour s’atténuer provisoirement au cours de la journée.

Le ralentissement psychomoteur : la personne déprimée est généralement globalement ralentie, éteinte, sans élan vital. Le mouvement est moindre et laborieux. Tout chez la personne dépressive parait lent, dénué de vivacité. La mimique est pauvre parfois crispée. La marche est lente, trainante. La gestuelle est réduite, la stature tend à se ployer, les épaules et le dos sont voûtés, les gestes sont rares.

Le sujet répond aux questions, mais avec inertie, après avoir été relancé plusieurs fois. Il lui faut du temps pour réfléchir. L’expression s’effectue par phrases courtes, sur lesquelles il ne s’étend pas, d’une voix monocorde, volontiers affaiblie. La capacité de concentration est réduite. La lecture demande un effort et la mémorisation est restreinte. La pensée a perdu de sa flexibilité, de sa fluidité habituelle. Cette lenteur devient douloureuse lorsque la personne à un sentiment d’étirement interminable du temps qui passe

Le corps déprimé : les signes physiques. Le déprimé se sent mal dans un corps devenu pesant, faible, incertain et douloureux.

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L’asthénie ou fatigue anormale constitue l’un de symptômes généraux les plus réguliers de la dépression. Elle est inexpliquée, se caractérise par sa très nette aggravation à l’effort, particulièrement lors d’efforts psychologiques en rapport avec des actes sociaux. Elle peut aller jusqu’à l’épuisement.

Le sommeil est presque constamment perturbé. L’insomnie est fréquente mais l’hypersomnie est possible (10% des cas). La qualité du sommeil est toujours perturbée, le sommeil est non récupérateur.

L’insomnie est variable :

  • lors de l’endormissement, accompagnée de tension psychologique lors que la personne est envahie par ses préoccupations
  • en milieu de nuit, avec réveils nocturnes et ré endormissements difficiles
  • avec réveils matinaux précoces, en avance sur le rythme d’éveil habituel du sujet. Les réveils sont alors typiquement très douloureux, plongeant d’emblée le déprimé sujet épuisé par le manque de sommeil dans d’intenses ruminations morbides, bien souvent suicidaires.

Les perturbations de l’appétit : le plus courante est l’anorexie. Lorsqu’elle est importante, dépassant le simple désintérêt alimentaire, elle s’accompagne d’une perte de poids significative. Une hyperphagie est possible (plus rare), avec crises boulimiques qui apaisent pour une courte durée ruminations anxieuses.

Troubles sexuels : la baisse de l’énergie sexuelle et de la libido, sont habituels, source fréquente, mais peu avouée, d’un regain de culpabilité à l’égard du partenaire.

Troubles digestifs : les sensations diverses de lenteur digestive, de ballonnements voire de constipation opiniâtre sont fréquentes. Nausées, dysphagie et diarrhée accompagnent plutôt les niveaux élevés de tension anxieuse.

Troubles urinaires : une sensation d’impériosité, le besoin d’uriner fréquemment, des brûlures à la miction sont parfois présents augmentant l’inconfort général

Troubles cardio-vasculaires : tous les signes d’hyperactivité autonome, sont possibles : Hypertension, tachycardie, bouffées vaso-motrices avec rougeur du visage

Troubles neuro-musculaires : douleurs, fatigabilité musculaire, maux de têtes

L’anxiété : tout état dépressif s’accompagne à des degrés divers d’une anxiété généralisée faite de tension nerveuse, de secousses musculaires, de tressautements, d’une gêne respiratoire, de palpitations, d’une sécheresse de la bouche, de nausées etc…

Compte tenu de la douleur psychologique, du retentissement personnel, familial, professionnel et cérébral de la maladie, il est inenvisageable d’attendre que “cela passe” naturellement. L’instauration d’un traitement adapté permet de raccourcir ce délai et de prévenir d’éventuelles rechutes et/ou récidives dépressives.

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